Maître d'ouvrage : DRAC Pays de la Loire.
Maître d'œuvre : Monsieur Eric Brottier.
Orgue Cavaillé-Coll (1867), remanié par Debierre, restauration état Debierre en 2001.
Table des matières :
Grand-Orgue, 56 notes :
Montre 8 | Prestant 4 | Bourdon 8 |
Flûte Harmonique 8 | Nazard 2 2/3 |
Récit Expressif, 56 notes :
Viole de Gambe 8 | Voix Céleste 8 | Flûte Octaviante 4 |
Plein-Jeu II à IV | Cor de Nuit 8 | Trompette 8 |
Basson Hautbois 8 |
Pédale, 30 notes :
Soubasse 16 |
copula octave grave, copula unisson , II/Péd., I/Péd., appel anches, retraite anches, trémolo, expression
L'orgue de la chapelle du collège Saint Stanislas appartient à la grande production de l'entreprise Cavaillé-Coll. On peut encore y retrouver les caractéristiques traditionnelles de fabrication malgré son transfert et les modifications subies. Debierre y a inscrit sa touche personnelle : le remplacement de la console avec son système transpositeur, l'augmentation du nombre de jeu et, très probablement, la transformation des paramètres d'harmonie... La cohérence de l'ensemble a été préservée lors de l'intervention de Gloton bien que la disparition du Basson 16 soit regrettable (il suffit d'avoir entendu l'orgue Debierre de la cathédrale de Luçon et l'effet saisissant de ce jeu, pour en être persuadé) mais tout est question de goût et de mode.
L'orgue avait besoin d'un relevage avec la remise en peau des gosiers, les replacage et remise en garniture des claviers et du pédalier, d'une révision et d'un réglage mécanique global, de diverses petites interventions ponctuelles (porcelaines, ventilateur, boîte expressive...). À l'issue du démontage s'est posé la question de la remise en peau partielle des réservoirs mais leur état ne justifiait pas une intervention aussi importante. Par contre, le sommier de Récit qui avait été testé au mois de février sans découverte de lésions s'est réouvert au mois de juin au niveau des joints de table et nous avons dû intervenir par tourillonnage des barrages pour éviter les emprunts.
L'inventaire de la tuyauterie a été réalisé au démontage et sur place afin de permettre les essais de reconstitution préalable à toute restauration, notamment en recherchant l'accord d'origine. Les tuyaux témoins étaient assez nombreux puisqu'on pouvait considérer comme témoins les dessus sur le ton de la Flûte Octaviante, les médium de la Flûte Harmonique, les basses de la façade. Cette recherche préalable fût possible grâce au bon état de la soufflerie. L'accord aurait dû être au tempérament égal, mais dans l'état, au démontage il se trouvait à un tempérament inégal, toutes les quintes justes ou très peu fausses avec un loup sur la quarte A#/D#. Le diapason de l'instrument, était de 431,8 Hz à 12,5°C sur le 3A du prestant du grand-orgue et de 431,5 Hz au 4A de la Viole de Gambe du récit avec une température une peu plus basse. Il est aujourd'hui très légèrement plus bas.
Les essais en vent pour les mesures de pression ont été réalisés en même temps, sur la totalité des jeux et ont donné un résultat sensiblement équivalent entre 80 et 82mm de colonne d'eau. Nous avons constaté, à la restauration des réservoirs, que le réservoir supérieur se trouvait en butée sur une petite cale vissée à la charpente. Néanmoins, la pression était la même après que nous eûmes retiré cette butée.
Au relevé des armements mécaniques, les écrous étaient engagés sur 14mm, sans contre-écrous. L'abrégé du grand-orgue présentait des défauts d'armements (bras trop armés) sans doute parce que c'est le réglage le plus accessible.
Irrégularités remarquées : les pavillonnages sont dans l'ensemble très ouverts bien que le diapason ne soit pas excessivement haut. Les pavillons des basses de Voix Céleste et de Gambe ont été refermés avec un adhésif carrosserie puis réouverts. Des freins à rouleaux ont été ajoutés sur les tuyaux de la deuxième octave. Les bagues d'accord de la Flûte Octaviante avaient été très diversement placées (recoupes ?) et sur le côté C une partie des oreilles avait été déposée.
Sur l'ensemble des jeux les oreilles d'origine sont faibles, beaucoup avaient disparu.
Trace de lèpre sur les pieds de la Montre sans cassure. Le Bourdon avait été peint avec une peinture aluminium.
Chapes en place, détection des soufflures, marquage des zones altérées. Résultat : quelques soufflures sur les deux sommiers, pas d'emprunt.
Les chapes ont été déposées, les registres nettoyés et brossés. Les tables et les registres sont suifés. Les chapes présentant des défauts ont été remise en place immédiatement en corrigeant le calage sur les zones incriminées. Seules les chapes du Plein-Jeu récit et du Nasard Grand-Orgue ont été rapportées en atelier. Ces chapes, replaquées par Gloton, étaient voîlées et devaient être dressées.
Nettoyage à l'aspirateur et à l'éponge humide de l'intégralité de l'instrument. Le buffet est laissé en l'état avant le nettoyage des murs. Traitement interne du buffet au Xylophène, y compris la boîte expressive. Injections dans les boiseries externes. Ce traitement a été renouvelé lors du remontage. Le nettoyage interne et externe des résevoirs a permis de confirmer le parfait état de cet ensemble. Quelques traces de porosité sur les parties saillantes des éclisses. Elles ont été renforcées par ajout de talons. Remplacement des charnières arrières des pompes et renfort d'une charnière au côté C.
Le buffet devait être nettoyé après le traitement du mur mais cela n'a pas été fait. Nous avons donc pris l'initiative de brosser ce mur sur toute la hauteur accessible.
Le buffet et le meuble de console sont en chêne recouverts d'un vernis alcool. Ils ont été nettoyés à l'éponge humide. Protection interne des bois par application d'un produit anti-xylophage, double aspersion sur une durée de trois mois. Ravivage de la surface au tampon à l'alcool dilué. Les zones noircies ont été reprises à la popote. Les serrures ont été démontées et nettoyées, une clé a été refaite sur le modèle des serrures du haut pour permettre l'accès au tuyau de bois. Nettoyage de la charpente à l'eau et à la lessive pour les parties les plus sales (graisse de la pompe).
La façade était belle, les tuyaux furent nettoyés et ravivés au blanc d'Espagne. Ils ont été passés au mandrin pour gommer les chocs mais de nombreuses traces précédentes subsistaient qui apparaissent une fois le tuyau bien astiqué. Les pieds des tuyaux de la tourelle sont redressés et les attaches sont confortées pour éviter qu'ils ne s'affaissent à nouveau. Ces pieds ont déjà fait l'objet d'une restauration car ils sont rajoutés à la facade de Cavaillé, le métal n'est pas identique.
Les marches des naturelles des claviers étaient en ivoire très altéré et nombre des plaquettes étaient tuilées. Pour conserver l'homogénéité du placage, et compte tenu du très petit nombre de marches récupérables, nous avons remplacé intégralement le placage par des ivoires neufs.
Le système transpositeur était bloqué par une vis mais il fonctionnait tout de même correctement. Il semble que l'on ait voulu suprimer le temps mort nécessaire au bon fonctionnement du système ainsi que «la flottaison» des claviers. Nous avons rétabli la transposition qui peut être à nouveau bloquée si on le souhaite.
Les porcelaines dépareillées ont été remplacées par des porcelaines à losange en copie de celles de Cavaillé. Les porcelaines ovales signalant les cuillères sont neuves car les précédentes étaient très effacées.
Le sommier de commande pneumatique de la pédale à été entièrement remis en peau, et les postages sont vérifiés, ils ne présentaient pas d'oxydation particulière. Il faut noter la particularité de ce système qui ne comporte aucun réglage de course, si bien que c'est la seule course du pédalier qui définit le temps mort et l'enfoncement.
Les éléments mécaniques ont été rectifiés en atelier et remis en place au fur et à mesure de leur restauration. Les abrégés sont à crapaudines en bois, première manière Cavaillé. Ils ont été démontés, les rouleaux repeints et les crapaudines regarnies en cuir. L'abrégé du Grand-Orgue est d'une division assez serrée, les bras sont tordus pour respecter la division des entrées et des sorties sans frottement. Le passage sous le plancher est très large et trois guides se succèdent pour maintenir les vergettes. Les frottements sont très nombreux sur ce passage, il aurait été souhaitable de supprimer un guide et de suspendre les vergettes en leur milieu pour alléger.
La mécanique de l'expression a été plusieurs fois remaniée. Les volets ont été retournés, les poupes sont la tête en bas. L'équerre de tirage a plusieurs percages de goupilles et les bâtons de transmission ont été modifiés. Il est impossible de connaître l'origine de ces modifications. Peut-être le système de Cavaillé était-il à cuiller ? Nous avons conservé le dernier état bien que les volets n'ouvrent pas totalement.
La mécanique des registres a été entièrement revue pour supprimer le maximum de jeu à tous les niveaux. Les goupilles ont été remplacées, les axes réalésés. Le jeu subsistant est nécessaire pour compenser l'excentrique du tirage au sommier.
Démontage soigneux des chapes et des registres, colmatage des perces au papier collant, essai d'étanchéité.
En février 2001, nous n'avons détecté aucun emprunt, décollement de table ni dilatation de joints et nous avons, après nettoyage, paraphiné les tables et soigneusement réenchapé en reprenant plusieurs fois les points de frottement ou de soufflures. Les chapes de Debierre était plus affectées que celle d'origine. C'est avec la chape du Bourdon 8 GO que nous avons eu la plus grande difficulté : cette chape recouvre les anciens registres du Bourdon 16 coupé en basses et dessus et l'étanchéité ne se trouvait jamais parfaite. Exceptionnellement, nous avons posé des rondelles de casimir sur cette chape pour pallier aux difficultés.
En juin, nous avons été surpris de constater au sommier de récit des emprunts qui n'existaient pas lors des essais. Le phénomène s'accentuant avec la sécheresse, nous avons été contraints de déchaper. Les joints de table s'étaient réouverts sous l'action de la sécheresse au côté C sur la troisième octave et à la plupart des joints. Nous avons tourillonné chaque barrage dans les fentes en injectant de la colle de poisson bien liquide pour qu'elle se disperse. Les emprunts ont totalement disparu après cette opération.
Les fonds de laye ont été restaurés en place et les boursettes fabriquées en copie des Debierre (sans jonc). Les soupapes ont été remise en peau. Certaines d'entre elles portaient encore les traces de baudruche, il apparait donc bien que des problèmes de dureté soient apparus dès l'origine et que l'on ait essayé de les résoudre en atténuant l'adhérence des soupapes. La baudruche a pu être enlevée par Gloton, les peaux d'origine étant alors suffisamment tassées pour ne plus adhérer.
Les sommiers de Cavaillé ont été totalement réaménagés par Debierre. Les layes et les fonds sont de Debierre, il n'a conservé que les soupapes et guides-ressorts. Le sommier du récit a été agrandi par adjonction de la chape du Cor de Nuit en rive au fond de la boîte.
Relevés de perces :
anches | fond | |
C8' | 22 | 20x24 |
E | 20 | 16x20 |
G | 18 | 18 |
c4' | 16 | 16 |
e | 14 | |
f | 14 | |
g | 12 | |
c2' | 12 | 10 |
f | 10 | 8 |
c1' | 8 | 7 |
c1/2' | 7 | 6 |
Dimensions des soupapes :
1C | 30x250 | 3c | 20/19x220 |
1F | 27x250 | 4c | 18/17x220 |
2c | 24x250 | ||
2f | 22/21x250 |
Division des notes sur les sommiers :
Les sommiers de pédale ont été restaurés, les soufflets de traction sont remis en peau, les joints d'étanchéité des tubulures ont été refaits. Le réglage de l'attaque et de la répétition des notes devront être suivi pendant toute l'année de garantie pour que les mécanismes retrouvent toute leur souplesse.
La pression à l'issue du remontage était de 80mm de colonne d'eau. Elle a été portée à 92mm après essais (cf. infra). Le ventilateur est un ventus 2800 tours de marque Laukhuff, débit 8m3. Il a été mis en place par l'entreprise Renaud dans le soubassement droit de l'orgue, en remplacement d'un vieux ventilateur installé par Gloton dans une cave attenante.
Les gosiers sont entièrement remis en peau et sanglés. Le gosier inférieur était muni de soupapes de retenue actionnées par un bâton relié au réservoir supérieur. Seuls les deux réservoirs supérieurs était donc reliés à l'origine.
Les réservoirs ont été étanchéifiés, deux plis ont été remis en peau extérieurement. Les nez des pompes sont refaits ainsi que les charnières.
Le ventilateur a été muni d'un caisson couvercle insonorisé avec de la mousse à alvéoles. La prise d'air se fait sous le ventilateur. La régulation a été refaite à neuf . Il s'agissait au départ d'une régulation à clapet pour orgue polyphone. Cette régulation n'était pas assez précise pour répondre aux besoins en vent de l'instrument et la section du portevent était étranglée. Nous avons fabriqué une boîte à rideau traditionnelle, entièrement capitonnée, avec une chambre de détente à la sortie du ventilateur.
Les postages et les pièces gravées ne présentent pas de particularité. Ils ont été vérifiés, étanchéifiéss, les joints en peau ont ét changés lorsqu'ils ne présentaient plus assez de souplesse pour garantir un maintien total.
La tuyauterie a été entièrement examinée et restaurée. Un grand nombre d'oreilles ont été changées sur les jeux d'origine Cavaillé.
Il y avait pas d'altérations importantes sur la tuyauterie (voir inventaire). L'harmonie est entièrement de Debierre. Il est probable que la pression d'origine était proche de 90/95mm car les tuyaux harmoniques sont embouchés un peu haut. Debierre avait bien l'habitude de travailler vers 85mm de pression, mais la différence est peu importante, s'agissait-il là de répondre à une demande particulière ? Il a ajouté des dents épaisses, augmenté les lumières, placé des freins sur les jeux gambés. Les canaux et les languettes des jeux d'anches ont été remplacés. En effet, les canaux de Cavaillé sont débités suivant une progression que l'on ne retrouve pas ici, et les languettes sont en sur-longueur par rapport au canal (pratique inconnue chez Cavaillé).
L'orgue conservait un grand nombre de tuyaux témoins (façade ou tuyaux sur le ton). Seul le diapason et l'accord pouvait poser question car l'harmonie était établie et n'avait pas à être modifiée. Néanmoins, la présence de rallonges sur les jeux harmoniques pouvait laisser penser que ces jeux avaient été poussés. Les pavillons portaient la marque de manipulations diverses, certains étant recollés avec une sorte de papier aluminisé.
Après avoir remis en place et égalisés les premiers jeux, nous sommes partis sur la base de la troisième octave de la Flûte Harmonique, partie non-harmonique mais entièrement sur le ton. Oreilles bien droites et en harmonie avec les dessus, le diapason est exactement de 440Hz à 20°. Sur cette base, il s'avèra que la Flûte Octaviante du récit n'avait plus besoin de bagues d'accord.
Les jeux sont revenus très naturellement à leur timbre et force d'harmonie initiale sans qu'il y ait besoin de modifier les ouvertures au pied ni les lumières. Comme dans tout travail d'égalisation, la plupart des défauts provenaient d'un affaissement des biseaux qu'il a suffit de remettre en place au niveau des lèvres inférieures. On peut donc affirmer que l'orgue est resté dans son état initial d'harmonie sans aucune modification conséquente, mis à part les deux cas ci-dessous.
Sur la basse de la Viole de Gambe : il était impossible de l'accorder car les plaques d'accord se trouvaient au maximum du pavillon. Nous avions pu remarquer que ces plaquettes avaient déplacées car des traces de vis se trouvaient plus haut. Nous avons donc replacé les plaques d'accord en milieu de pavillon et tenté de retrouver l'égalisation en fonction de l'accord. En fait nous avons plus joué sur la mise en place du frein que sur la puissance, si bien que les tuyaux sont maintenant égalisés boîte ouverte.
Sur le Nasard du Grand-Orgue : ce jeu était extrémement faible et n'apportait pas beaucoup d'harmoniques. Il a été pratiquement doublé en intensité.
Les utilisateurs ayant jugé que l'orgue sonnait trop faiblement à la pression de 80mm, il a été décidé de porter cette pression à 92mm par ajout de plaques de fonte sur les réservoirs. Les plaques ajoutées sont reconnaissables car elles ne portent pas de numéro d'inventaire.
La présence de l'orgue est plus convaincante qu'auparavant. Cela se ressent plus particulièrement avec les jeux harmoniques et les jeux d'anches.
Les jeux de fonds au été retravaillés principalement en intensité. Les tournures des languettes des jeux d'anches ont été accentuées car ces jeux étaient devenus très clairs avec l'augmentation de pression et les basses avaient tendance à râler. L'équilibre général n'est pas fondamentalement modifié et les modifications apportées restent réversibles.
Le réseau électrique alimentant l'orgue a été complètement refait. Ces travaux concernent la mise en marche et l'alimentation du ventilateur depuis son télérupteur, les prise électriques autour de l'orgue, le néon du pédalier et les deux éclairages de la console. Nos travaux se sont arrêtés au départ de l'alimentation. Toute l'arrivée est à revoir car il n'y a aucune distinction entre l'alimentation des lampes et des prises et aucun dispositif de protection particulier, des départs d'alimentation lumière vers la chapelle sont branchés avec l'alimentation de l'orgue.
Brossage du mur salpêtré à l'arrière de l'orgue.