Maître d'ouvrage : Mairie de Gerbéviller.
Maître d'œuvre : Monsieur Jean Bizot.
L'orgue de Gerbéviller, construit par Cavaillé-Coll en 1865, détruit en 1914, reconstitué par F. Didier en 1923, a fait l'objet d'une reconstruction historique en 1994. Il comporte deux claviers dont un Récit de 42 notes, et une Pédale de 18 notes en tirasse obligée.
Table des matières :
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Grand-Orgue, 54 notes :
Bourdon 16 | Bourdon 8 | Flûte Harmonique 8 |
Montre 8 | Prestant 4 | Quinte 2/2/3 |
Doublette 2 | Plein-Jeu II à V | Trompette 8 |
Clairon 4 |
Récit, 42 notes :
Flûte traversière 8 | Quintaton 8 | Flûte Octaviante 4 |
Octavin 2 | Carillon III | Hautbois 8 |
Clarinette 16 |
Pédale, 18 notes en Tirasse obligée.
Trémolo, Appel B et D, Expression à cuiller.
Le démontage de l'instrument a eu lieu durant la semaine du 21 au 25 Juin 1993. Nous avons trouvé l'orgue très empoussiéré et injouable. Le relevé du diapason a donné une moyenne A 435 à la température de 18°, compte tenu de l'empoussièrement, le diapason évoluait entre 434,4 et 435,2 sur les différents A de la Montre et du Prestant. La pression relevée, malgré les nombreuses fuites, s'établit à 86mm de colonne d'eau, ce qui laisse supposer une pression réelle de 90mm.
La dépose de la tuyauterie a permis de constater les divers remaniements réalisés par Didier en 1922. En effet, la reconstruction de l'orgue martyrisé en 1914 a donné lieu à de très nombreuses modifications de la tuyauterie, par décalage, recoupe, transformation. Cependant, il semble qu'une intervention postérieure à Didier ait encore amplifié cette transformation. Aucune preuve écrite n'a pu être trouvée, mais certains détails techniques sont troublants.
La partie mécanique de l'orgue est entièrement de Didier, mise à part la console. En suivant le descriptif de Jacquot de 1922, on retrouve très exactement les travaux réalisés par la suite par Didier.
La console semble avoir été défoncée en 1914. Sur les claviers, sans parler du placage qui a disparu et des feintes dépareillées, certaines touches du clavier de Récit ont été remplacées, le chêne utilisé n'est pas de la même qualité, le travail est un peu maladroit. Le placage actuel en galalithe est d'une remarquable qualité et sera très facilement reblanchit. Les mortaises sont sans garnitures, montées sur des pointes rondes de 3,5mm.
Les boutons de registre auraient été refaits à l'identique. En effet, il semble que Cavaillé ait utilisé deux types de boutons. Un bouton assez travaillé, avec une sorte de virole, pour des porcelaines de 32mm et un bouton plus simple, de diamètre 27mm, qui est utilisé pour les petits instruments. L'orgue de chœur de la cathédrale Ste Croix d'Orléans possèdent de ces boutons et ils sont identiques à ceux de Gerbéviller. Les porcelaines sont très différentes, il faut retrouver une écriture bâton sobre en noir ou rouge, assez large, sommée d'un petit losange décoratif.
Les gradins en palissandre sont de Didier, ils sont uniquement tasseautés et vissés alors que les gradins d'origine forment un bloc en chêne clair, permettant de guider l'habillage de console à sa pose.
Parmi les mécanismes de la console, les pilotes d'octave grave ont été refaits dans du jonc, certains talons d'accouplements en peuplier remplacés par du sapin ou du chêne. Les barres d'équerres à axe unique ont été retaillés pour placer des équerres indépendantes. Les crapaudines (ou grenouilles) en bois ont été grossièrement sciées sur leur support et remplacées par des crapaudines en laiton. Toutes les vergettes sont de Didier.
Nous avons trouvé quelques curiosités telles que des goupilles remplacées par des vieux clous, des fils de fer tenant des pièces mécaniques, en des endroits difficiles d'accès sans démontage...
C'est une des composantes les plus authentiques. Les grands réservoirs, les gosiers, les portevent sont d'origine. La pression ne l'est peut-être pas mais aucun élément ne permet, sérieusement, de le définir avec certitude. Par contre, les postages sont complètement massacrés.
Au Grand-Orgue, aucun problème. Les barrages sont étanches, les tables en parfait état, leur construction rigoureuse leur a permis de résister à toutes les intempéries. On notera le curieux ravalement de six notes (trois de chaque coté) pour alimenter uniquement les basses de Prestant en milieu de façade.
Le Récit est en très mauvais état. Outre l'éclat d'obus qui se trouvait encore dans la ceinture et dont les petits frères avaient déchiqueté les barrages et la tuyauterie, ce sommier souffre de la chaleur dispensée par le vitrail, malgré la protection du buffet et de la boîte. La table est totalement disjointe et doit être entièrement rectifiée.
Sans doute abîmée ou tachée, elle avait été repeinte avec un badigeon rouge. Malheureusement les deux couches se sont contrariées et le badigeon s'écaille, laissant la place à une sous-couche marron assez triste.
Les parties mécaniques internes ont subit le même sort que la console : vergettes refaites, équerres remplacées... Un problème est apparu au passage des fonds de laye : les joncs sont souvent éclatés ou disparus. Le dégagement des boursettes est, en effet, assez étroit et des points de frottement devaient se ressentir.
Il reste, finalement, bien peu de jeux entiers conservés. L'inventaire, auquel on se reportera, donne les résultats suivants :
La restauration de l'orgue Cavaillé/Coll de Gerbéviller nous a amené à étudier plusieurs instruments du maître dont la composition d'origine ou la taille approchait celle de l'orgue de Gerbéviller. L'orgue le plus ressemblant à Gerbéviller est celui de Saint Pourçain sur Sioule dont on peut dire qu'il est jumeau. Ce type d'orgue de chœur est construit dès 1846 à la cathédrale Ste Croix d'Orléans puis se décline avec différentes compositions et de petites variantes techniques jusqu'en 1876 (Collégiale du Dorat) .
Les critères de sélection sont les suivants :
On pourra comparer ce type d'instrument avec les autres productions de Cavaillé. Notamment le n° 9 du catalogue de 1889 que l'on commence à trouver à partir de 1862 (Colombey-Les-Belles). De plus petite dimension, cet orgue est pourtant plus complet :
Mais la répartition ici est totalement différente : Grand-Orgue de petite taille reposant uniquement sur des fonds (Bourdon 16, Montre 8, Flûte Harm. 8, Bourdon 8, Prestant 4). Récit de même importance, assombri par le Bourdon (Cor de Nuit 8, Gambe 8, Voix Céleste, Flûte Octaviante 4, Octavin 2, Trompette 8, Basson-Hautbois 8). Cette composition varie avec tantôt l'absence du Cor de Nuit, l'ajout d'une anche de 16'... Les plans sonores sont situés l'un derrière l'autre.
Cavaillé produira ce type d'orgue de 1860 jusqu'à sa mort. On peut dire que le premier est le reflet de l'orgue de transition mis au point à St-Denis, tandis que le second est le type romantique pur qui sera durant 40 ans le fer de lance de l'entreprise Cavaillé-Coll.
Grand-Orgue, 54 notes
Gerbéviller 1865 | Saint Pourçain 1860 | Ste Croix Orléans 1848 | Saint Leu 1869 |
Bourdon 16 | Bourdon 16 | Bourdon 16 | |
Bourdon 8 | Bourdon 8 | Bourdon 8 | Salicional 8 |
Flûte Harmonique 8 | Flûte Harmonique 8 | Flûte Harmonique 8 | Flûte Harmonique 8 |
Montre 8 | Montre 8 | Montre 8 | Montre 8 |
Prestant 4 | Prestant 4 | Prestant 4 | Prestant 4 |
Quinte 2 2/3 | Quinte 2 2/3 | Dulciane 4 | |
Doublette 2 | Doublette | Doublette | Doublette |
Plein Jeu II à IV | Plein Jeu II à IV | Plein Jeu II à IV | |
Trompette 8 | Trompette 8 | Trompette 8 | Trompette 8 |
Clairon 4 | Clairon 4 | Clairon 4 | Clairon 4 |
Récit, 42 notes
Gerbéviller 1865 | Saint Pourçain 1860 | Ste Croix Orléans 1848 | Saint Leu 1869 |
Flûte traversière 8 | Flûte traversière | Flûte traversière | Flûte traversière |
Quintaton 8 | Voix Céleste | Voix Céleste | Voix Céleste |
Gambe 8 | Gambe 8 | Gambe 8 | Gambe 8 |
Flûte Octaviante 4 | Flûte Octaviante 4 | Flûte Octaviante 4 | Flûte Octaviante 4 |
Octavin 2 | Octavin 2 | Octavin 2 | Octavin 2 |
Cornet III | Trompette 8 | Trompette 8 | Trompette 8 |
Hautbois 8 | Hautbois 8 | Hautbois 8 | Hautbois 8 |
Clarinette 16 | Voix Humaine 8 | Voix Humaine |
Gerbéviller 1865 | Saint Pourçain 1860 | Ste Croix Orléans 1848 | Saint Leu 1869 |
Tirasse obligée | Tirasse GO | Tirasse GO (?) | Tirasse GO |
Acc. II/I | Acc. II/I | Acc. II/I | Acc. II/I |
Octave Grave (3F) | Octave Grave (3F) | ||
Appel anches basses | Appel anches basses | Appel anches basses | |
Appel anches dessus | Appel anches dessus | Appel anches dessus | |
Appel anches B et D | Appel anches B et D | Appel anches B et D | Appel anches B et D |
Trémolo | Trémolo | Trémolo | Trémolo |
Expression à cuiller | Expression à cuiller | Expression à cuiller | Expression à cuiller |
Les compositions sont très sensiblement semblables. On peut y voir une sorte de constance dans ces petits instruments puisqu'avec 30 ans d'écart le Récit reste exactement identique, et le Grand-Orgue ne subit que des ajustements, peut-être demandés par les organistes. Gerbéviller est un peu plus original mais cela tient aux désirs fortement marqués du marquis de Lambertye qui voulait un Récit/Positif avec une sorte de cornet décomposé Quintaton 8, Flûte 4, Quinte/Quarte/Tierce.